Mai 2023. Autour de la colonisation française et de la guerre d’Algérie : recueillir des mémoires plurielles. Rencontre de la classe de khâgne avec deux acteurs et témoins des événements.

Rencontre avec Lalia et Jean-Paul Ducos,

acteurs et témoins de la lutte pour l’indépendance de l’Algérie

 

Au lendemain de la cérémonie du 8 mai 1945, cette rencontre sonne un moment de commémoration de la mémoire de la guerre d’Algérie. Cette date représente les prémices de ce que l’on appelait les « événements d’Algérie » mais aussi les massacres de Sétif et Guelma d’Algériens.

Dans cet élan commémoratif, nous avons pu découvrir le témoignage de Lalia et Jean-Paul Ducos sur leur vie pendant la colonisation française et pendant la guerre d’indépendance. Lalia Ducos, Algérienne qui a fait partie des 4,5 % des femmes alphabétisées et qui est née proche de Blida en 1941, et Jean-Paul Ducos, pied-noir devenu algérien né en 1937 dans une famille franco-espagnole dans un village à côté de Tlemcen, ont pour point commun le fait de venir de familles très ouvertes et considérant les autres comme leurs semblables, dans un contexte de colonisation très marqué par les divisions entre populations et hiérarchies sociales.

En plus de recueillir cette mémoire propre à ces deux contemporains de la guerre d’Algérie, cela nous a permis de faire les liens avec notre cours d’histoire et la préparation de la question du concours de l’ENS. Rempli d’anecdotes et de moments de vie, cette rencontre a été une approche de l’histoire personnelle qui nous a fait rentrer dans les parcours protestataires de ces militants très engagés. Cela nous a donné une version plus concrète de ces événements qui ont pris vie à travers eux, ce qui renforce l’importance de ce témoignage dans la transmission de mémoire.

Cette rencontre a aussi été l’occasion d’échanger et de réfléchir sur des questions actuelles et des enjeux de l’époque comme sur la construction du pays après l’indépendance, les relations franco-algériennes ou encore les actes de militantisme de Lalia Ducos, notamment dans des organisations féministes en Algérie.

Enfin, cette rencontre a été l’opportunité d’accéder à des mémoires encore trop peu partagées et traitées dans notre système scolaire et en France plus généralement, ce qui fait d’ailleurs partie de leur motivation à les transmettre. Dans le contexte sociétal où ce moment historique est instrumentalisé à des fins politiques et négationnistes ou passé sous silence, ces rencontres sont majeures pour établir une histoire de cette guerre qui a autant marqué la France que l’Algérie, avec une vision complète et bilatérale comprenant tous les éléments de contexte et les acteurs.

Nous remercions donc les époux Ducos d’avoir partagé certains moments de leurs vies avec nous, avec bienveillance et avec une ouverture d’esprit permettant de raconter une histoire franco-algérienne.

 

Maëlle ALLEN, Leïla BENZAID et Ambre VASCONCELOS, étudiantes en khâgne