En janvier 2023, une matinée pleine d’émotions avec Ginette Kolinka

Samedi 21 janvier 2023 : rencontre avec Ginette Kolinka, « un cœur à prendre »

Un témoignage aussi émouvant qu’exceptionnel rendu possible grâce Eliott Hirsbein, élève de en classe de Seconde

 

Retour sur la démarche d’Eliott

« C’est pendant le premier confinement de mars 2020 que j’ai lu le livre de Ginette Kolinka, Retour à Birkenau. Je l’ai lu d’une traite et il m’a fallu quelques temps pour me remettre de ce récit bouleversant, si simple dans son écriture et qui dénonce pourtant l’incompréhensible.

Avec Mme Kolinka, en effet, tout est simple. La faire venir pour témoigner était une évidence et la contacter, un jeu d’enfant. Les messages qu’elle m’a laissés sur mon répondeur, avant que l’on se parle de vive voix, sont à son image, plein de vie et d’humour. Très vite, il a fallu bloquer une date … ah ça par exemple, c’est beaucoup moins simple ! Du haut de ses 98 ans, cette drôle de petite dame a un emploi du temps de ministre et une énergie débordante. Grâce à mon professeur, M. Rannou, grâce à M. Pellerin et grâce à Mme Pillet, tout s’est très vite organisé.

La rencontre a eu lieu samedi 21 Janvier 2023, à Saint-Germain-en-Laye, dans la salle Jacques Tati et ce moment restera, j’en suis sûr, gravé dans le cœur de chacun. C’est une grande chance d’avoir pu écouter pendant plus de deux heures une des dernières rescapées de la Shoah et des camps de la mort. Mme Kolinka a répondu avec précision et beaucoup de patience à toutes nos questions. Son discours était poignant et j’ai lu dans les yeux de mes camarades une réelle émotion ; des larmes coulaient sur certains visages. Quelle belle leçon de vie, de courage et d’humanité nous avons reçue !

Elle est repartie, son sourire indéfectible aux lèvres malgré les cauchemars qui doivent probablement la hanter quand elle ferme les yeux … Mais Ginette Kolinka ne s’est pas reconstruite sur un désir de revanche, elle a choisi la vie et appelle « passeurs de mémoire » ceux à qui elle raconte inlassablement son histoire. Elle en a fait une mission depuis près de trente ans, cela occupe ses journées et comme elle le dit si bien, « le reste, elle le fera quand elle sera plus vieille » …

A notre tour, soyons les témoins des témoins. »

Eliott Hirsbein, élève de Seconde

L’accueil de Ginette Kolinka par madame la proviseure du lycée Jeanne d’Albret

« Madame Kolinka, Chère Ginette,

Nous sommes très honorés de vous accueillir aujourd’hui à Saint-Germain-en-Laye dans cette salle Jacques Tati qui fut un ancien élève du lycée de Saint Germain.

Né en 1907, il était d’une autre génération que la vôtre qui êtes de 1925 et allez fêter dans quelques jours vos 98 ans. Je ne sais pas où vous serez ce jour-là, vous qui parcourez quotidiennement la France pour témoigner devant les jeunes générations.

Vous aviez 14 ans en 1939,  vous étiez la 6ème fille d’une famille de 7 enfants dont le petit dernier était un garçon ; vous étiez à l’image de ce que vous êtes encore aujourd’hui pleine de vie, joyeuse.

Et puis il y a eu 1940, la défaite puis en 1941 la publication du statut des juifs et progressivement la fin de l’insouciance jusqu’à l’impensable confrontation au crime contre l’humanité.

Je tiens avant de recueillir votre témoignage sur ces heures sombres à remercier la ville de Saint Germain pour la mise à disposition de cette salle, les professeurs qui ont contribué à votre venue, les élèves et étudiants présents aujourd’hui en dehors de leur emploi du temps habituel et Eliott qui sera à vos côtés ce matin.

Eliott qui a fait son entrée au lycée en septembre est très vite venu nous dire qu’il avait un projet : il avait lu votre livre, il voulait vous rencontrer et vous inviter au lycée ! Plus de 80 ans vous séparent et j’aime assez l’idée que dans 80 ans, Eliott et ses camarades, témoigneront encore de ce que vous leur aurez transmis »

Marie-Pierre Pillet

Le ressenti d’un étudiant sur cette matinée pleine d’émotions

« En cette froide journée du samedi 21 janvier 2023, le lycée Jeanne d’Albret a eu l’honneur de recevoir Ginette Kolinka, salle Jacques Tati à Saint-Germain-en-Laye. Cette femme de 98 ans est venue témoigner de l’Histoire de la Shoah et de la déportation durant la Seconde Guerre mondiale en tant que passeuse de mémoire.

Elle nous a raconté l’histoire d’une jeune fille pleine de vie d’origine ukrainienne, juive athée, qui a été déportée durant cette même guerre, sous l’occupation nazie. Et cette histoire, c’est la sienne. Malgré sa personnalité et son tempérament chaleureux, son récit nous a tous beaucoup émus.

Quand la guerre commence, Ginette habite à Paris et elle n’a que 14 ans ; c’est plus jeune que la quasi-totalité des personnes qui l’écoutent. Sa famille fuit la zone occupée avec succès, mais ils sont dénoncés en tant que « communistes actifs ». Le 13 mars 1944, alors que Ginette rentre chez elle pour déjeuner, elle se retrouve nez-à-nez avec des agents de la Gestapo qui l’emmènent elle ainsi que son père, son frère et son neveu. Après avoir été internés au camp de Drancy, Ginette et sa famille sont envoyés au camp d’Auschwitz-Birkenau le 13 avril 1944. C’est là-bas qu’elle a côtoyé la mort, la violence et l’inhumanité la plus totale.

Monument d’histoire par sa rareté et son authenticité mais aussi narration d’une jeune fille de son époque, riche de toutes parts, le témoignage de Ginette Kolinka, une des dernières rescapées des camps de cette effroyable guerre, a finalement insisté sur deux choses : nous, son public, les constructeurs de l’avenir de demain, devons devenir des « passeurs de mémoire », tout en vivant dans la paix et « l’acceptation de la différence d’autrui » pour que plus jamais ne puissent se reproduire de telles atrocités. « 

Maxime Lamouroux, étudiant en khâgne

Le lundi 23 janvier 2023, Ginette Kolinka était l’invitée de l’émission C à vous sur France 5, et l’intervention de Ginette Kolinka dans la salle Jacques Tati a fait l’objet d’un reportage. Le lien : https://www.france.tv/france-5/c-a-vous-la-suite/c-a-vous-la-suite-saison-14/4489504-invites-marion-ruggieri-ginette-richard-kolinka-et-stephane-freiss.html