Hypokhâgne mai 2022 : « Pensées pour demain – À propos d’un court-métrage » dans les ateliers de culture générale

L’Entretien (2018)

Ugo Bienvenu – Félix de Givry

3e Scène de l’Opéra de Paris

 

Comment comprendre le choix du titre attribué à ce court-métrage ?

L’entretien, c’est l’entretien de l’humanité, de ce qu’elle a laissé, de la culture qu’elle a apportée, des muscles qu’elle a articulés pour vivre.

C’est l’entretien de ce qu’elle a créé, de ce qu’elle a bâti, de ce qui reste et doit rester d’elle.

C’est aussi l’entretien des sentiments et des émotions, en somme, de tout ce qui constitue l’être humain et ce qui l’amène à faire partie de l’humanité.

On entretient, on conserve, on maintient en ordre, pour se remémorer, pour ne jamais oublier… En fait, on entretient par l’intermédiaire du contact, de l’attention portée, du regard… Comme le robot, qui plonge son regard dans celui de la danseuse.

Oui, c’est cela, c’est sans doute par le regard que l’on peut entretenir quelque chose. Lorsque l’on visite un musée par exemple, les œuvres vivent parce qu’on les regarde et que l’on y porte une attention toute particulière. Dans le court-métrage d’Ugo Bienvenu et de Félix de Givry, le robot semble regarder l’humaine comme si c’était une espèce disparue. C’est aussi un peu l’effet produit par le reste du court-métrage car il s’agit du seul être humain que l’on rencontre. Ah oui, « rencontre » : en fait l’entretien est bien une rencontre entre deux éléments, deux choses, deux êtres humains. Dans le court-métrage, il est question d’une rencontre entre l’authentique et le mécanisé, la chair et le métal, le mouvant et le figé, le présent et le disparu, la l’invention et le semblable.

Je pense que ce court-métrage nous est destiné, à nous êtres humains, êtres sensibles, mortels et éphémères. Il nous fait prendre conscience de notre mortalité, de notre intelligence, de l’importance de laisser des traces de ce que nous créons, car nous avons ce don. Mais il s’agit aussi de prendre conscience que nous devons justement continuer d’exploiter notre côté sentimental et créateur, à la fois en créant, mais aussi, en profitant de l’œuvre des autres.

Car l’art est un moyen de nous rappeler que nous sommes en vie, et que l’être humain est beau dans sa pluridisciplinarité.

Méline Haber Méline, étudiante en hypokhâgne