2023-2024 : bibliographie de latin en khâgne

CONSIGNES DE TRAVAIL POUR LA RENTRÉE

Chers latinistes,

L’option latin s’adresse aux étudiants inscrits dans un cursus Lettres ou Humanités, ainsi qu’à tous ceux qui, dans d’autres spécialités, souhaitent poursuivre le latin et même le choisir à l’oral de l’ENS (traduction et commentaire d’une texte d’une douzaine de lignes, choisi en cohérence avec le thème au programme de l’ENS « La guerre et la paix ».)

Vous devez être en possession d’un dictionnaire (Gaffiot de Poche, Hachette, par exemple) et du manuel Précis de grammaire des lettres latines (Magnard).

Je vous demande pour la rentrée :

  1. De réviser la morphologie : les 5 déclinaisons des noms, les 3 classes d’adjectifs, les comparatifs et les superlatifs, les pronoms personnels, les pronoms-déterminants (is ea id, hic haec hoc…) / les conjugaisons des verbes types et des verbes irréguliers à toutes les voix (actif, passif, déponents) modes et temps. Faites ce travail indispensable pendant les vacances : l’année de khâgne est trop courte pour que vous perdiez du temps à la rentrée. Des évaluations de ces apprentissages auront lieu régulièrement, dès le début de l’année.

  2. De savoir par cœur la correspondance cas/fonction

  3. De revoir, en syntaxe, l’ablatif absolu, le gérondif, l’adjectif verbal, la proposition infinitive.

  4. Enfin, pour acquérir de l’aisance en traduction, de préparer les deux lectures cursives qui suivent : extraits de Tite Live et de Virgile. Vous analyserez les formes (cas pour un nom, un adjectif ou un pronom, voix, mode, temps, éventuellement personne pour un verbe), construirez la phrase et proposerez une traduction. Nous reprendrons les textes en classe. Il est bien entendu que consulter une traduction ne vous aidera pas par la suite à traduire vous-même un texte en temps limité, et vous privera du bonheur de chercher et de trouver la solution. Il faut donc travailler uniquement avec le dictionnaire et la grammaire pour identifier les formes et comprendre la syntaxe des phrases.

N.B. 1 : Il est si agréable de traduire sans ouvrir systématiquement le dictionnaire que je vous conseille de revoir du vocabulaire, par exemple dans Les Mots latins de F. Martin (Hachette.)

N.B. 2 : Si vous voulez retrouver les structures de base du latin (tout en révisant l’histoire) , vous pouvez vous procurer le De viris de Lhomond, (Babel, édition bilingue) et en traduire tout ou partie ; comme nous ne le ferons pas en classe, vous pouvez traduire un passage, puis confronter ce que vous avez fait avec la traduction.

N.B. 3 : Une solide culture de l’Antiquité (histoire, institutions, vie quotidienne, genres littéraires et chronologie des principaux auteurs latins) facilitant grandement la traduction et le commentaire des textes, il est conseillé de relire vos cours de l’an dernier (Culture Antique et textes étudiés) pour rafraîchir, aussi, vos connaissances sur le thème du programme « La guerre et la paix.  »

Je vous souhaite de bonnes vacances, ne doutant pas du plaisir que vous aurez à en consacrer une partie à faire du latin, notamment en préparant soigneusement les deux textes suivants :

Lecture cursive 1 à préparer pour la première semaine de la rentrée. Traduire l’ensemble du texte, (en soulignant les verbes conjugués, en plaçant les subordonnées entre crochets, en notant les cas et les fonctions…) puis réfléchir au commentaire du passage s’étendant de Coriolanus, prope ut amens… à « mortua essem. »

TITE LIVE Histoire de Rome depuis sa fondation II, XL Admonestations de Véturia à son fils Coriolan

En 493 av. J.C., un Romain s’empare de Corioles, capitale des Volsques, y gagnant le surnom de Coriolan. Par la suite condamné par le peuple pour avoir voulu augmenter le prix du blé, il change de camp et assiège Rome avec les troupes volsques. Sa trahison suscite l’indignation de l’Etat, puis celle de ses proches :

Tum matronae ad Veturiam, matrem Coriolani, Volumniamque uxorem frequentes coeunt. Id publicum consilium an muliebris timor fuerit, parum conuenit1; (2) peruicere2 certe, ut et Veturia, magno natu mulier, et Volumnia duos paruos ex Marcio3 ferens filios secum in castra hostium irent, et, quoniam armis uiri defendere urbem non possent, mulieres precibus lacrimisque defenderent. (3) Vbi ad castra uentum est nuntiatumque4 Coriolano est adesse ingens mulierum agmen, primo, ut qui nec publica maiestate in legatis nec in sacerdotibus tanta offusa oculis animoque religione motus esset, multo obstinatior aduersus lacrimas muliebres erat. (4) Dein familiarium quidam, qui insignem maestitia inter ceteras cognouerat Veturiam inter nurum nepotesque stantem, « nisi me frustrantur » inquit5, « oculi, mater tibi coniunxque et liberi adsunt ». (5) Coriolanus, prope ut amens, consternatus ab sede sua cum6 ferret7 matri obuiae conplexum, mulier in iram ex precibus uersa, « Sine8, priusquam conplexum accipio, sciam » inquit9, « ad hostem an ad filium uenerim, captiua materne in castris tuis sim. (6) In hoc10 me longa uita et infelix senecta traxit, ut exulem te, deinde hostem uiderem ? Potuisti populari hanc terram, quae te genuit atque aluit ? (7) Non tibi quamuis infesto animo et minaci perueneras ingredienti fines, ira cecidit ? Non, cum in conspectu Roma fuit, succurrit : « Intra illa moenia domus ac penates mei sunt, mater, coniunx liberique ? » (8) « Ergo ego nisi peperissem, Roma non oppugnaretur; nisi filium haberem, libera in libera patria mortua essem. Sed ego nihil iam pati nec tibi turpius nec mihi miserius possum nec, ut sim miserrima, diu futura sum; (9) de his11 uideris12, quos, si pergis, aut inmatura mors aut longa seruitus manet » . Vxor deinde ac liberi amplexi13, fletusque ab omni turba mulierum ortus et comploratio sui patriaeque fregere14 tandem uirum. (10) Complexus15 inde suos inuidia rei oppressum perisse tradunt16.

Lecture cursive 2, à préparer pour la deuxième semaine de la rentrée (traduction de l’ensemble du texte, commentaire des vers 309 à 317.) Vous pouvez aussi scander les hexamètres dactyliques.

VIRGILE Enéide, Chant II, vers 302-317 Enée décide de prendre les armes

N.B. : On prêtera attention à la disjonction propre à la poésie : des mots faisant partie du même groupe fonctionnel peuvent être très éloignés l’un de l’autre, comme ici aux vers 307-8 où l’épithète inscius est à rapprocher du nom pastor.

Enée raconte à Didon ce qu’il advint quand les Troyens eurent fait entrer dans la ville le cheval de bois, offrande des Grecs.

« Excutior somno et summi fastigia tecti

Ascensu supero atque arrectis auribus adsto.

In segetem veluti cum flamma furentibus austris

Incidit aut rapidus montaneo flumine torrens

Sternit agros, sternit sata laeta boumque labores,

Praecipitis17 trahit silvas, stupet inscius alto

Accipiens sonitum saxi de vertice pastor.

Tum vero manifesta fides Danaumque18 patescunt

Insidiae. Jam Deiphobi dedit ampla ruinam

Volcano superante domus ; jam proxumus19 ardet

Ucalegon. Sigea igni freta lata relucent.

Exoritur clamorque virum20 clangorque tubarum.

Arma amens capio ; nec sat rationis in armis,

Sed glomerare manum bello et concurrere in arcem

Cum sociis ardent animi ; furor iraque mentem

Praecipitant, pulchrumque mori succurrit21 in armis. »

1 Parum convenit : « on ne sait trop » ( gouverne les 2 interrogatives indirectes qui précèdent : « si… ou si »)

2 Pervicere = pervicerunt

3 « Coriolan » est le surnom de C. Marcius.

4 Passifs (parfaits) impersonnels.

5 A déplacer devant les guillemets.

6 Déplacer le conjonction en tête de phrase.

7 A pour sujet Coriolanus.

8 Impératif (2ième sg.) de sino ; introduit directement le subjonctif sciam = « Permets que je comprenne ».

9 Voir note 6.

10 In hoc est en corrélation avec UT, qu’il annonce : « dans ce but […] que »

11 Véturia désigne les enfants de Coriolan.

12 Indicatif ou impératif 2ième du sg. de videor (au sens de « penser »).

13 Participe du déponent amplector.

14 Voir note 2.

15 Voir complector.

16 La 3ième du pluriel désigne ici un ensemble indéfini. Traduire par « on ».

17 = praecipites

18 Génitif pluriel de bos.

19 = proximus

20 = virorum

21 Impersonnel (avec complément au datif mihi sous-entendu : « Il me vient à l’esprit que… ») suivi d’une proposition infinitive (verbe esse sous-entendu, dont le sujet est mori, qui a pour attribut, au neutre, pulchrum.)

Françoise Le Pezron (fr.lepezron@wanadoo.fr) , professeure de latin en Khâgne